Philippe Forest (Université de Nantes) À la façon d’une phrase fantôme

Colloque "Spectres de Dostoïevski", Université de Strasbourg, 20-22 octobre 2021, organisé par Nicolas Aude, Victoire Feuillebois et Karen Haddad

Résumé de l'intervention :

Le 1er mars 1841, Vissarion Biélinski écrit à Vassili Biotkine: « 
Admettons que j’arrive au plus haut degré de l’échelle de la culture : 
je ne cesserais pas, quoi qu’il en soit, de vous réclamer des comptes 
pour chacun de ceux que les conditions de l’existence, l’histoire, le 
hasard, la superstition, l’inquisition de Philippe II, etc., ont rendu 
victimes : sans cela, je préfère me jeter la tête la première en bas de 
l’échelle ; même gratuitement, je ne veux pas accepter le bonheur : il 
faut encore qu’on me rassure au sujet de chacun de ceux qui sont mes 
frères par le sang... » A un lecteur de Dostoievski, un pareil propos 
évoque immédiatement celui que le romancier russe placera dans la bouche 
d'Ivan Karamazov. On suivra la façon dont cette "phrasefantôme" revient 
chez Chestov et, après lui, chez Benjamin Fondane, Georges Bataille et 
Albert  Camus.